Roger Pompougnac,77 ans, est bouilleur ambulant : il transforme les fruits en liqueur d’alcool comme l’alchimiste le plomb en or. Précédé de son alambic, il court la campagne d’octobre à mai, passant d’un hameau à l’autre sans jamais se retourner. Partout, les clients l’attendent avec la même impatience non dissimulée. Roger, le Messie, ne multiplie pas les pains, mais les litres de d’alcool de poire, de raisins, de cerises ou encore de poire. Ses tarifs ont l’avantage d’être raisonnables.
Le métier de bouilleur n’est pas de tout repos. Il faut aimer la boue, les herbes folles, les mains qui collent à cause du sucre qui dégueule de l’alambic en ébullition. Mais la chaleur des hommes, les poignées de main viriles au pied de la caravane et le respect de la parole donnée font oublier la pénibilité de l’ouvrage. Trente ans que l’alambic continue de siffler pour Roger Pompougnac.